lundi 23 mars 2020

L'envoûtement






Dans sa langue natale, les arbres sont féminines. Il aime les admirer, cela l’apaise. Toujours, il les considère et leur souffle ses plus beaux compliments. Du lit où il se trouve, il contemple au travers de la fenêtre le palmier qui danse doucement, comme pour le charmer. Ses longues feuilles cambrées qui se déploient comme des éventails et dont chaque lame bouge en crescendo avec le vent lui font penser à des mains jouant avec l’invisible. 
Doucement. 
Sensuellement. 
Le mouvement emplit la chambre, les ombres et lumières qui badinent avec ces grandes feuilles redessinent la cartographie du corps nu de son amoureux qui dort paisiblement à côté de lui. Le jour tombe, et la pièce s’enivre de l’atmosphère chaude et langoureuse que l’arbre crée de son unique présence. Le bruissement qu’elle élève l’amène aux creux du va-et-vient des vagues qui tranquillement l’étourdissent de leur calme. Il laisse bercer ses souvenirs, le temps se dissout, son esprit vagabonde. Il s’abandonne alors entièrement à elle, la compagne de cet instant, cette forme de vie puissante dans laquelle il confie sa désertion du monde. 
Alors qu’il s’enfonce peu à peu dans un sommeil léger, il la remercie de veiller à son bien-être.

1 commentaire: