Dans sa classe, il y a toutes les couleurs.
Dans son école, en bas des tours du quartier, ici encore plus qu’ailleurs, l’autre, c’est tout le monde.
Dans cette banlieue, l’étrange, la saveur inconnue, le bizarre et le pas pareil sont partout. Elle baigne dedans depuis qu’elle est née. Et ne saurait s’en passer.
Chaque matin, elle retrouve Désiré, un de ses camarades, dans l'entrebâillement d’une porte ouverte sur la cour de l’école. Toujours, il balade son petit chariot transportant un lapin blanc au regard figé. Désiré n’est jamais vraiment descendu sur terre, une partie de lui est resté suspendue aux nuages. Son corps ne touche pas, il boit la matière, ce qui la rend parfois insupportable et le met très en colère. C’est au pied de cet arbre, qu’ils se rencontrent chaque matin.
Chaque matin, elle l’accompagne dans sa descente. Joignant sa main à la sienne, ensemble, ils traversent la cour de l’école. Tout au fond, près du grillage qui sépare petits et grands enfants, le tilleul est là, majestueux. Chaque matin, il les enlace. Les corps s’enracinent. Dans un battement atemporel, les deux enfants atterrissent en douceur, liant ciel et terre pour démarrer la journée.
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