dimanche 22 mars 2020

Le sorbier des oiseleurs

Dans le ciel de mes  souvenirs, lorsque l’on m’a planté,  je rêvais de devenir un séquoïa géant, admiré de tous. Mais j’ai grandi comme un arbre dans les mines, entre terrils et corons, et sorbier des oiseleurs je suis devenu ! En plus, les ch’tis de « min coin »  ont toujours cru que j’étais un acacia !

Résultat de recherche d'images pour "sorbier des oiseleurs"J’avais des copains qui me ressemblaient, plantés qu’on était  tout le long de l’avenue qui menait au puits de mine n°6. Les oiseaux m’aimaient bien, on taillait souvent la bavette en même temps qu’ils dégustaient mes baies rouges délicieuses.
Les enfants de cette rue, pétillante de vie, adoraient aussi les baies, pas pour les manger car ils les savaient toxiques pour eux, mais pour les mémorables batailles de boules rouges. À la fin de la journée, le trottoir en était jonché, au grand dam des mamans aux balais synchronisés qui s’employaient à les chasser (les baies..). 
Du haut de ma hauteur  je la voyais, la petite fille qui observait et semblait envier les oiseaux perchés sur mes branches, MES branches car elle m’avait choisi pour me confier secrètement ses pensées, ses joies et ses espoirs d’envol.
Un jour, ils sont venus, ils nous ont coupés, ils nous ont emmenés. Les oiseaux se taisent, les rires d'enfants s'éloignent. La petite fille subtilise une de mes branches à  laquelle s'accroche, insouciante, une grappe de petites baies rouges. Pour ne pas oublier.

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