lundi 23 mars 2020

Songe du printemps




Contre toute attente, elle l’avait trouvé ; mais l’avait elle vraiment cherché ? Sans aucun doute, c’était lui, celui qui hantait ses songes d’aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. Peut-être était-ce lui qui l’avait trouvé, ou le temps était-il venu ?

Comme dans son rêve, une brise secoua sa chevelure, une invitation. Alors mue d’une confiance qu’elle ne se connaissait pas, elle posa son pied sur l’herbe tendre et se mit à danser tel qu’elle l’avait appris au fil des nuits. Elle virevoltait sur la mélodie du vent, vibrait aux sons de la terre, pulsait aux rayons du soleil avec la frénésie de l’eau ; déesse païenne dans le firmament du printemps. Et, dans un geste suspendu, ses bras et les siens se mêlèrent ; les mille bras du saule recouvrirent son corps d’une caresse voluptueuse. Ainsi commença leur parade sensuelle.

Depuis son banc, le vieux ouvrit les yeux sur cette scène contre nature ; il se pétrifia, sa vie devait-elle finir dévorée par une gorgone végétale ? Avait-il trop vécu que ses yeux ne lui donnaient à voir que mirage ? Était-il temps pour lui ? Puis, il se ravisa en apercevant son panier, peut-être était-ce seulement l’abus de sève de poirier ? On était plus si résistant, pensa-t-il en replongeant dans un profond sommeil. 

Loin de ces tourments, elle dansait toujours, quand soudain elle aperçut la lumière, la même que dans son rêve, alors elle pénétra la chevelure. Elle était inexorablement attirée par la lumière ; du bout de ses doigts, elle effleura le tronc rugueux et avança sa jambe dans la fente irisée. Voilà tout ce qu’elle connaissait, le rêve ne lui en avait jamais montré plus. Alors qu’elle sentait encore sous ses doigts l’âpreté de l’écorce, son corps semblait glisser dans un fourreau de velours soyeux. Une fois au cœur de l’arbre, la lumière s’estompa, la quiétude l’envahit, et, là, posé sur un tapis de fleurs l’attendait un enfant. 

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