dimanche 22 mars 2020

Bouleau



L’arbre
Dans une petite impasse lumineuse et tranquille du 20e arrondissement de Paris, à côté du Père-Lachaise, végète un bouleau.
Il est là, avec son tronc moucheté de blanc et de vert, se dresse fièrement, s’agite quand le vent souffle, se déplume quand l’automne arrive et bourgeonne au printemps. Rien de bien particulier donc. Il vient, comme d’autres, égayer la monotonie des immeubles de l’Impasse, dans son petit espace vert grillagé.
Il est là, oui, au milieu d’autres arbres citadins un peu chétifs. La vie avance dans l’Impasse, les familles vont et viennent, les enfants grandissent, les adultes vieillissent, on déménage, on meurt, on naît, on voit de nouveaux arrivants… Les petits l’escaladent, se lovent en lui, les jeunes amoureux se déclarent sous ses feuilles, les vieillards s’abritent sous son ombre douce quand il fait trop chaud.
Lui se contente d’être là. Il vieillit aussi, ses cernes s’amoncellent au cœur du tronc. Mais il ne bouge pas. Il observe, il voit la vie s’agiter autour de lui, et il sourit, mais ne pipe mot. 
Ce qu’il ne peut pas dire, c’est qu’une petite cérémonie l’a amené là, il ya bientôt trente ans, dans cette Impasse. Une cérémonie d’adieu qui a voulu rendre hommage. Un drame de l’Impasse, de la vie. Il représente tous les disparus chers à nos cœurs, il est la mémoire, immuable et éternelle, mais aussi la vie qui continue…
À la mémoire de Sonia, Aneth et Chouaïb, à la mémoire des petits mondes de l’enfance… 

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