Et ce meuble en carton !
Toujours là…
Un souvenir encombrant…
Le jeter ? l’accepter ? :
Jugement dernier
Il le laisse derrière
Dernière pensée
Tomber dans son oubli
Et pourtant et pourtant…
Dans ce vieil appart, il l’oublia.
Eteints la lumière,
Prends ces bagages,
Ferme la porte,
Verrouille,
Vérifie.
L’ascenseur est encore en panne,
En panne pour la dernière fois,
Pour lui...
Descend les escaliers,
Ouvre la porte cochère
Sa rue, ses passants
Pressés, débordés, aveugles.
Un arrêt sur la marche,
Un chek de son tel…non, rien… plus rien, pas de nouvelle d’elle
Mise en veille de cette machine à torture
Plongeons sur le trottoir,
Sa valise roule.
Il est invisible.
Seul avec ce qui roule.
Entouré du bruit des klaxons, des moteurs
Des gens qui parlent forts
Des bandes d’amis
Qui l’évitent
Il lévite,
Slalome entre sein d’esprits
Danse des pavés
Chorégraphie connectée
Codes innés
Passant parmi les passants.
Dernier coup d’œil
Au coin de la rue,
C’est fini.
Dans la nuit de l’appartement
Echo de la serrure
Pas qui s’éloignent dans les escaliers
Et là au milieu de la pièce,
Ce meuble en carton.
Dernier vestige d’un temps dépassé
Dernier vestige de ce qui a été
De ce qui n’est plus
De la patience de ces mains
De son attention
De son application
Ce meuble en carton
Ce cadeau
Témoins des rires
De sa joie, à elle
De sa joie, à lui
Au bienheureux
Au bien-pensant
Maintenant
Trop encombrant
Maintenant inutile.
Ce meuble en carton.
Il fut un temps
Mais c’est maintenant.
Et c’est fini.