lundi 13 avril 2020

L'objet



Mylène monta en haut de la déchetterie et déchargea ses deux grosses caisses de la voiture. Dans la benne du tout-venant, elle vida la première caisse, puis juste avant de vider la deuxième caisse de vieux bibelots, vaisselle ébréchée et autre Tupperware sans couvercle, elle reprit cet objet étrange dans sa main…
Elle avait hérité de la maison de vacances de ses parents dans le sud de la France. Sa mère aimait faire les brocantes. La maison était remplie de meubles anciens, de vaisselle des années 50 et il y avait même un aspirateur qu’on pouvait utiliser alternativement en tant que mixeur.
Globalement, les objets de la maison avaient une fonction. Sauf les œuvres d’art : Il y avait des tableaux. Ceux des peintres locaux que ses parents avaient voulu soutenir. Il y avait quelques sculptures en bois aussi : une représentation de Saint-François-d’Assise (son père s’appelait François) d’une hauteur de presque un mètre et une plus petite qui représentait la vierge.
Mais l’objet qu’elle tint dans la main n’était ni utilitaire ni une œuvre d’art. Elle l’avait vu traîner à différents endroits de la maison lorsque ses parents y habitaient encore et qu’elle leur rendait visite en été : sur divers bords de fenêtre, sur le rebord de la cheminée ou sur l’immense étagère des disques vinyle. Ses enfants l’avaient utilisé pour l’inclure dans leurs jeux de construction ou en guise de montagne autour de laquelle ils faisaient circuler leurs voitures miniatures. 
C’était un objet d’une longueur d’à peu près 15 cm et d’une épaisseur de 3 à 4 centimètres à l’endroit le plus épais. La matière était une sorte de plastique. On aurait dit que quelqu’un avait pris une mèche de bougie, l’avait suspendu et lui avait appliqué un matériau, une sorte de plastique, qui coule un peu et qui durcit à l’air ensuite. Le matériau avait été appliqué en plusieurs couches, chaque couche d’une couleur différente, jusqu’à obtention d’une forme de goutte irrégulière. Puis, une fois durci, l’objet avait été coupé en deux : on voyait encore les restes de la mèche à l’intérieur. Puis les différentes couches de couleur. Elle s’était toujours demandé où ses parents avaient bien pu récupérer cet objet : lors d’une visite dans une usine de fabrication peut-être ou peut-être était-ce déjà dans la maison quand ils l’avaient achetée ? 
Rentrée à la maison, Mylène reposa l’objet sur la planchette au-dessus du radiateur, à côté du canapé.

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